L’Ouest canadien! #2 – Les Rocheuses !

ETAPE 2 ! On continue avec cette fois, les Rocheuses !

L’objectif de cette partie de notre voyage en camping-car était de profiter des Rocheuses! Une belle boucle de plus de 2000 km au départ de Vancouver, à l’automne pour ne pas trop souffrir du froid et du raccourcissement des journées (une plaie lorsqu’on vit en camion, on en parle ici). Ce road-trip signait nos retrouvailles avec le Canada: j’arrivais des Etats-Unis par la route et Amélie venait d’atterrir depuis la France.

2000km c’est long et nous avons beaucoup de choses à dire sur ce voyage ; on a donc choisi de le découper:

  • Départ: Vancouver (aussi point d’arrivée) -> par ICI
  • Etape 1: la Vallée de l’Okanagan -> par ICI
  • Etape 2: Les Rocheuses 
  • Etape 3: La chaîne côtière > ICI
Notre itinéraire - Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
#1 – Vallée de l’Okanagan
#2 – Les Rocheuses
#3 – La Chaîne Côtière

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Glacier National Park

On décide de passer la nuit dans un camping de Glacier National Park et d’y randonner. Les emplacements de camping dans les parcs nationaux sont le plus souvent dépourvus d’électricité,  et sans électricité, on ne peut démarrer le chauffage du camion (oui il est vieux…). C’est le moment pour notre « isolation papier-bulles » de faire ses preuves. L’air serait tombé à -6° cette nuit d’après la station météo la plus proche, on a survécu, mission accomplie !

Ce premier parc d’altitude est un début très prometteur. On part marcher depuis le camping en direction du Glacier Illecilewaet. On découvre avec plaisir que ce Parc et ce col (le Col Rogers, emprunté par la Transcanadienne) ont une histoire des plus importantes pour le Canada. Instant culture : dans les années 1870, la promesse est faite par un politicien de la Colombie-Britannique que la province sera connectée au reste du pays par un chemin de fer dans les 10 années à venir. Face à ce projet ambitieux, les explorateurs se tuèrent (littéralement) à la tâche afin de découvrir le col le moins escarpé. C’est sous l’ingénieur en chef Rogers que le col est découvert. Avec le raccordement du chemin de fer, une route transnationale voit le jour et avec elle de nouvelles perspectives. La Colombie-Britannique n’est plus isolée et sous la crainte de l’annexion par les US, le commerce transcanadien fait un bond en avant et le Pacifique ouvre des opportunités…

Le Glacier et les montagnes ne sont plus vus comme uniquement un obstacle mais également comme un lieu de villégiature. De nombreux alpinistes en mal de conquête affluent ici et l’idée de construire un hôtel voit le jour. Pied à terre des alpinistes et pause idéale sur le trajet, Glacier House voit le jour. Notre marche nous amène sur le site de l’hôtel, ou ce qu’il en reste : des fondations, quelques chaudières rongées par la rouille et des panneaux explicatifs qui grâce à des photos d’époque nous permettent de nous rendre compte de l’ampleur de l’installation à son apogée. L’attrait touristique était acquis mais face à la quantité de maintenance nécessaire pour déblayer le chemin de fer (jusqu’à 12 mètres de neige peuvent tomber en un hiver ici !) et à la dangerosité des lieux (sujet aux avalanches ayant causé de nombreux morts parmi les ouvriers), un tunnel est construit ailleurs et cette portion du chemin de fer est abandonné. Des carrioles permettent toujours d’emmener les clients depuis le tunnel jusqu’à Glacier House, mais le recul inexorable du Glacier finit d’achever l’histoire du lieu. En 1925 le site est abandonné, et démoli, la nature finira par engloutir les bâtiments et la voie ferrée.

Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
Une baignoire d’époque!

La randonnée continue à travers des forêts suffisamment clairsemées pour laisser apparaître les sommets alentours. C’est beau, les couleurs sont au rendez-vous, cela permet d’oublier les brûlures dans les cuisses ! Le Glacier a en effet bien reculé : on en aperçoit le bas depuis un point dégagé et on réalise que sa beauté ne mérite pas forcément la grimpette, qu’on en verra d’autres et que pour une première randonnée, on a déjà bien donné !

Yoho National Park

Après une nuit passée à Golden, une ville qui fait figure d’îlot de civilisation au cœur des montagnes, et durant laquelle on gèlera notre réseau d’eau (oubli de fermer le raccordement au réseau, canalisations exposées au froid, etc…), on enchaîne avec le parc Yoho. Longeant la Transcanadienne, il est très facile d’accès et deux attractions phares sont atteignables en quelques kilomètres seulement.

En premier lieu se trouve le Natural Bridge, la formation naturelle d’un pont par érosion de la roche. La couleur de l’eau dans cette région est d’un bleu très pur, lumineux mais opaque, cristallin… difficile à décrire. Ce sont des sédiments de roche en suspension dans l’eau qui lui donne cette robe. Vu en fin de journée à l’ombre des montagnes, le lieu doit être d’autant plus spectaculaire au soleil ! On regrettera néanmoins le chemin touristique lourdement bétonné qui passe au-dessus de la rivière (il y avait moyen de faire plus léger et mieux intégré).

Ensuite la route amène au lac Emeraude. Il est tout simplement d’une beauté folle. Même si on a déjà vu des images de ces lacs canadiens dans des magazines ou sur internet, ça reste incroyable de les voir de ses propres yeux. Le soleil est là, la chaleur aussi… Serait-ce donc le fameux été indien ?! L’absence de vent permet de faire des photos incroyables des reflets du lac, on se prend presque pour des photographes pro 😀

On peut louer un canot ou en faire le tour à pied, vivement conseillé par ailleurs pour s’éloigner des bus de touristes et se rapprocher de la nature et ses animaux ! L’affluence n’est pas énorme mais on n’ose imaginer en pleine saison… ! Pour les gros budgets, un ensemble hôtelier est construit sur place (plutôt bien intégré dans le paysage, lui).

Lake Louise, ville au ratio touristes-développement urbain le plus improbable

C’est une ville dont je connaissais le nom pour sa station de ski. S’il s’agit du poumon économique, il faut ajouter les nombreux lacs (Louise et Moraine pour les plus connus), les randonnées et les points de vue époustouflants pour se rendre compte de l’attractivité de la région. Situé dans le nord du Parc National de Banff (élu plus beau parc du Canada), c’est également le point de départ de la Promenade des Glaciers, ou highway 93. Longue de 230 kms, cette route est une des plus panoramiques au monde. J’y reviendrais plus tard.

Tout ça pour dire que l’on est en droit de s’attendre à un concours de barres d’immeubles en mode station de ski française, avec des hôtels, restaurants et resorts à tous les coins de rue. La réalité en est toute autre. Le tour de force est d’avoir protégé la zone en Parc National et donc d’avoir limité le développement urbain. C’est à se demander où les gens se logent et se nourrissent en pleine saison !

Qui dit montagnes dit rando !

On choisit une belle randonnée passant par le Lac Annette et, si les conditions sont bonnes, on poussera jusqu’à Giant Steps Waterfalls. Ça caille sévère, le lac en témoigne ! On est début octobre et il est déjà gelé. Je m’amuse avec des cailloux et les bruits produits sous la glace par l’écho des percussions. Le soleil est là, la motivation aussi, on pousse un peu plus loin donc en traversant un champ de roches surplombant la Paradise Valley. On arrive aux Giants Steps pour une pause déjeuner bien méritée. « Giant » est exagéré, mais ça valait franchement le coup.

 

On se sent de taille à faire quelque chose d’un peu fou (ou con, la frontière est mince parfois) : passer le Col Sentinel et redescendre de l’autre côté sur le Lac Moraine. Le temps, le moral, le physique, tout est ok. Le camion ne sera pas au bout mais une navette ou un coup de stop s’envisage. En route.

On voit bien des crêtes en face de nous, mais on n’imagine à aucun moment que c’est ça, le col Sentinel. D’une, c’est haut et abrupte et de deux, il n’y a pas de chemin visible. On avance et petit à petit on se rend à l’évidence : on va devoir prendre des risques à gravir des rochers instables, à repérer des traces de pas d’autres randonneurs dans les « touffes » de neige pour s’orienter. C’est à l’ombre, silencieux, inquiétant lorsqu’on entend des cailloux qui se détachent et dévalent les pentes autour. C’est assez irréel d’être là, mais maintenant on est trop avancé pour faire demi-tour : la descente est plus dangereuse encore. Je bluffe pas, pour preuve, je n’ai pas de vidéos ou de photos de l’ascension car trop concentré, trop anxieux, trop risqué.

On est à l’ombre, ça caille (2600m d’altitude), ça tire sur les cuisses. Le col est en vue depuis une heure déjà peut-être mais on a l’impression qu’il ne se rapproche jamais !

Au bout, la vue à 360° et le soleil nous font réaliser que l’on vient de faire quelque chose un peu bête certes, mais tellement beau !

Une vingtaine de kilomètres pour je-ne-sais-plus-combien de dénivelé positif. Une fois le col atteint, on redescend au-dessus du Lac Moraine par un chemin qui nous paraît ennuyeux car banalisé (qui plus est, on ne voit le lac qu’une fois arrivé au bord, il est caché par la forêt avant cela). Ça se terminera par un retour en stop au camion, embarqués d’ailleurs dès la première voiture. Tout nous aura souri aujourd’hui !

Le Lac Moraine; Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
Lac Moraine

On a eu notre dose d’adrénaline, d’efforts, de fatigue aussi. On ira par curiosité voir le Lac Louise le lendemain. Bien moins surprenant que prévu (et après avoir vu le Lac Emeraude, on n’était exigeant) car dans le brouillard et moins sauvage aussi avec son énorme hôtel les pieds dans l’eau, on appréciera moins et c’est avec envie que l’on va maintenant serpenter en camion au milieu des Rocheuses !

Le Lake Louise embrumée, étape de notre road trip - Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
Louise, dans la brume

Highway 93 ou Promenade des Glaciers

C’est une bande de bitume de 230 kms au milieu des glaciers avec pour point de départ et d’arrivée Lake Louise et Jasper. Vous avez peut-être déjà vu dans des pubs ou magazines voyage des photos de route linéaire surplombée par d’énormes montagnes. C’est probablement ici !

De nombreuses haltes sont possibles pour les points de vue et les départs de rando. Plus rares sont les haltes commerciales. Une seule station essence sur cette portion, regroupée avec motel, épicerie, pub et autres à Saskatchewan River Crossing. Aucun réseau téléphonique sur toute la route, autant vous dire qu’il faut prévoir où dormir le soir si vous entamez la route en milieu de journée ! Car oui, l’erreur à ne pas commettre est de sous-estimer le temps de parcours. C’est simplement époustouflant à chaque kilomètre, surprenant après chaque virage, pour peu que la météo soit avec vous. On vous interdit de prendre la route tard et devoir la finir en « rushant » ou pire, de nuit, pour atteindre l’autre bout et votre hôtel. Le plus rusé serait de dormir sur le trajet, soit dans le motel (bien que douteux), soit en camping. Cela vous permettrait d’admirer (encore une fois, si la météo est avec vous) un ciel pur sans pollution lumineuse. Renseignez-vous avant, surtout si vous y allez en haute saison.

Si le cœur vous en dit et vous emmène là-bas, notre conseil : à Saskatchewan River Crossing, sortir de la 93 et prendre la 11, appelée David Thompson Highway (du nom de l’explorateur). Au bout de 50 kms, vous aurez un Public Access Land qui est une zone de camping libre. En bord de rivière et au milieu des montagnes, vous ne trouverez jamais meilleur camping à la fois autorisé et gratuit. Peut-être notre meilleur spot, à peine gâché par une souris qui s’est incrustée dans le camion et a mangé notre pop-corn toute la nuit, sans réussir à la repérer évidemment…

Un des highlights de la 93 est le Glacier Athabasca. Il fait partie de la chaîne de glaciers Columbia Icefield qui surplombe la route. Il s’agit du plus gros glacier de la région, disponible à la vue et à la randonnée, là, en bordure de route ! Prévoyez la petite laine (on est très haut !) mais arrêtez-vous sur les parkings alentours car des décors pareils, vous n’en verrez pas tous les matins… Malheureusement, je l’ai réalisé que trop tard et, obnubilé par ma crainte de la sortie de route, je zappe involontairement l’entrée du parking et nous ne ferons pas demi-tour… (le camion commençait à peiner mécaniquement, si la route glacée nous avait offert une glissade je n’aurais pas pu faire grand-chose pour retenir les 4 tonnes de la bête).

Le Glacier Athabasca, un haut-lieu du road trip entre Banff et Jasper! Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
Columbia Icefiled, vue depuis l’habitacle (quand on vous dit qu’il est sur la route…)

La fin de la route est moins spectaculaire mais offre de belles petites chutes d’eau et canyons creusés par ces dernières. On arrive à Jasper, accueilli par un wapiti à l’entrée du camping !

Jasper, village à la croisée des chemins

Jasper est niché dans les Rocheuses, sur la route entre Edmonton à l’Est et la Colombie-Britannique à l’Ouest. La configuration des lieux aura permis le passage du chemin de fer et de la Transcanadienne, situation encore rare à notre époque. Pour autant, les deux sont discrets et la ville est tranquille.

Le wapiti peuple Jasper et ses environs - Les Rocheuses en van - http://www.cafecarnet.com
Le wapiti!

Notre chance est peut-être de visiter tout cela entre 2 saisons. On est mi-octobre, la saison estivale est derrière nous et la neige n’est pas encore là, du moins pas suffisamment pour ouvrir les pistes. C’est peu peuplé, mignon. A l’inverse de Lake Louise, Jasper a un côté village. On a adoré d’ailleurs le lavomatic-café qui était un vrai lieu de rencontre des habitants ! A la nuit tombée, les wapitis viennent brouter l’herbe de l’esplanade située devant la mairie… le tableau est plus qu’enchanteur !

On profitera de cette ambiance pour y passer quelques jours. Le coin offre  de belles randonnées déjà ! Après la « prouesse » de celle du Lac Annette et celle physique effectuée sur la Highway 93 (randonnée dans la neige avec nos simples bottes), nous choisissions la Vallée des Cinqs Lacs. Avec la couleur des eaux dans la région, le nom donne envie ! On ne sera pas déçu 😀 Quelques kilomètres sur du plat, des lacs avec de belles vues dégagées, une belle météo, tous les ingrédients étaient là.

 

 

Avant de partir nous avons entendu parler de sources thermales, celles de Miette Hotsprings. Elle est un peu éloignée à l’est mais elle vaut le détour. D’abord, au début du chemin, il y a la mine désaffectée Pocahontas. Un nom comme ça, ça nous parle non ?! Vous pouvez vous y balader et guetter les vestiges de la mine, lourdement recouverts par la végétation maintenant. Ensuite vous vous enfoncez dans les montagnes sur une route sinueuse assez spectaculaire. On l’arpentera le dernier jour de l’ouverture, la maintenance hivernale étant trop coûteuse. Au bout, la récompense est là : les bains thermaux ! Trois bassins à des températures différentes, en extérieur, au creux des montagnes. C’était aussi reposant que ça en a l’air ! (pour ne pas gâcher notre plaisir, c’était le dernier jour de la saison et donc le tarif était cassé). On rentrera le soir sur Jasper, reposés et détendus, prêts à avaler de la route.

La ballade dans les Rocheuses s’arrête là, on repique maintenant vers l’Ouest, des souvenirs plein la tête, des images plein les cartes mémoires !

 

Après ces paysages spectaculaires et ces moments intenses, que nous réserve la suite ? Peut-on encore être émerveillé ?! Venez voir la suite ici ! 🙂 

 

2 réponses sur “L’Ouest canadien! #2 – Les Rocheuses !”

  1. Magnifiques photos ! Cela me rappelle des souvenirs incroyables, clairement l’un de mes plus beaux voyages ! J’aurais adoré faire la balade dont vous parlez par contre ! Mais vous n’avez pas eu de chance pour Lake Louise, le reflet de la lune dans le lac puis le lever du soleil pile sur les montagnes en face, c’est à couper le souffle ! Et que dire de Lake Moraine, l’un des paysages qui m’a le plus marquée dans ma vie 🙂
    Merci pour ce récit 🙂

    1. Merci Céline! Avec ce que tu nous dis de ton expérience à Lake Louise, va falloir qu’on y retourne, c’est malin ça…!

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